Sylvain Pigeon
Il faut de tout pour faire un monde n'est-ce pas?
Voici une image qui fesse. Autant que mon dur passage à l'adolescence. En fait je suis content de ces retrouvailles car personne ne m'a connu sous mon vrai jour lorsque j'étais à la Polyno et dans le fond, moi non plus je n'ai pas vraiment connu personne puisque je m'isolais. D'ailleurs je ne me rappelle pas de grand chose puisqu'à cette époque la petite "bolle" timide était en dépression profonde. Je n'acceptais pas du tout mon homosexualité et ai vécu avec ce boulet autodestructeur pendant 7 ans sans en parler à qui que ce soit. Je préférais mourir que d'être gai. C'est vraiment un miracle que je ne me sois pas suicidé. Dommage que je ne sois pas né une décennie plus tard. Avec internet j'aurais vite réalisé que je n'étais pas seul dans cette situation.
Donc c'est ce qui m'a empêché de faire toute cette liste d'activités que je brûlais d'envie de faire à l'époque:
Improvisation, radio étudiante, sortir dans les bars, faire partie de comités organisateurs, jouer dans un band rock, jouer au hockey pour les Conquérants, être le président de classe, etc. Il ne fallait pas que personne découvre mon secret blessant ou me confronte à ce sujet. J'aurais rougi à mort et n'aurais pu le supporter. A la place, je m'isolais seul à la maison (et je me crossais en pensant aux beaux gars de la Polyno :P).
Donc, après la Polyno et le CEGEP à Rouyn en sciences pures, j'étais toujours vierge et suicidaire. J'ai voulu m'éloigner de ma famille pour passer à l'acte et en finir avec la vie en allant à l'université Laval à Québec pour leur éviter le shock de la découverte de mon cadavre... Même mon coloc Dany Marcoux ne se doutait pas à quel point j'en arrachais.
Le jour où j'avais décidé de passer à l'acte, j'ai voulu aller m'acheter un fusil. Une voix m'a secoué intérieurement et m'a ordonné d'abandonner mes études et d'aller voir un psychologue pour parler pour la première fois de mon problème et tenter une autre solution. J'ai tout lâché sur le champ à l'université et rencontré une psy. J'ai même pas été capable de lui dire et j'ai juste braillé comme une madeleine pendant une heure de temps à la première rencontre.
Après avoir réussi à en parler lors de rencontres subséquentes, ça m'a soulagé mais le problème ce n'étais pas "Qu'est-ce que le monde va dire?". C'était tout simplement que je ne voulais pas être gai. J'avais toujours pas envie de vivre. Je n'avais pas envie de me suicider non plus. C'est comme quand j'ai sauté en Bungee. J'avais pas envie de sauter mais j'avais pas envie de passer pour une poule mouillée. Il fallait qu'il se passe quelque chose. Je n'en pouvais plus. Je me suis donc dit. Allez! Va rencontrer un gars pour du sexe pour la première fois de ta vie et tu seras tellement dégoûté de toi-même que c'est la dernière poussée dont tu as besoin qui va te faire passer à l'acte et en finir une fois pour toutes avec ces souffrances atroces.
C'est ce que j'ai donc réussi à faire à l'âge de 20 ans. Ce fut un shock! Contrairement à se que je m'attendais, je ne me suis pas senti sale où coupable. A la place de me pousser vers la mort, ce geste m'a donné une lueur d'espoir que je pourrais peut-être un jour apprendre à accepter à être gai. Car il faut le dire, être homosexuel n'est pas un choix. Le seul choix que tu as est de l'accepter ou de ne pas l'accepter en faisant semblant que tout va bien.
A partir de ce moment, j'ai explosé. J'ai vécu à fond toutes sortes d'expériences pour compenser pour mon absence d'adolescence. J'ai fais le tour du Canada sur le pouce en 74 jours. J'ai dansé nu à Montréal. J'ai poussé l'audace à écrire un livre (la photo du blog) presque pornographique sur ce fameux voyage de 1995. Ça m'a pris un autre 7 ans pour accepter qui j'étais. Je me suis un peu calmé depuis mais j'ai la manie de me lancer dans des défis impossibles.
Le dernier que j'ai fais a été de construire ma propre maison à St-Jean-sur-Richelieu (livrée en kit) n'ayant à peu près aucune expérience dans la construction. Elle n'est pas encore finie. J'ai une écoeurrantite aigüe. J'ai du dormir 10 jours dans mon auto pour surveiller mon stock pour ne pas qu'il se fasse voler. J'ai eu toutes sortes de problèmes à commencer par un délai de livraison de mon kit de 2 mois et demi au lieu d'un mois. Ceci à a retardé le début des travaux à la fin de novembre 2004. Résultats: Il a neigé plusieurs fois dans ma maison avant que celle-ci ne soit munie d'un toit.
J'étais seul ou à peu près pour cet immense défi. J'avais pris un mois de congé pour débuter les travaux et tenter d'en faire le plus possible avant de retourner travailler. J'avais pas de toilettes (Oui oui je faisais ça dehors). J'ai aussi vécu dans un container à matériaux sur place pendant plusieurs jours. Ensuite, j'ai isolé une chambre temporairement au sous-sol pour passer le premier hiver. Le reste du sous-sol étais mon réfrigérateur et le rez-de-chaussé était mon congélateur. J'ai vécu à l'ancienne pendant plusieurs mois. Prendre une douche était un long processus de 45 minutes. J'ai passé 2 ans à grimper dans une échelle car mes escaliers n'étaient pas faits.
Aujourd'hui, mon défi est de me créer un petit paradis autour de cette maison. Un genre de mini jardin botanique. Je passe donc toutes mes journées de congé à faire mon terrassement et j'en ai pour plusieurs années car j'ai un terrain accidenté où les possibilités d'aménagements sont infinies.
Alors voilà. C'est ce que je suis devenu. Je joue encore au hockey. D'ailleurs j'ai gagné la médailler d'or aux Jeux Gais de Sydney en Australie en 2002. J'ai quand même gardé mon côté solitaire extrêmement sensible et sauvage. Je déteste quand le téléphone sonne ou qu'on m'envois des e-mails. Comme je passe mes journées au travail à y répondre, chu pu capable de l'entendre sonner ou d'écrire sur internet rendu à la maison. Je me tape 2 heures de trajet par jour pour me rendre au travail à Montréal donc quand j'arrive à la maison, le peu de temps qu'il me reste, je le passe sur mon terrassement ou à poser un clou ou une vis ici et là dans la maison. Côté amour, j'ai abandonné l'idée d'avoir un chum. Après 3 relations de 4 ans chacune, je me suis rendu compte que je préfère vivre seul.
J'ai hâte de pouvoir enfin vous parler, pour la première fois, en étant bien dans ma peau.
Bonnes retrouvailles à tous et toutes!
Syl20 Pigeon
17 commentaires:
Bonjour Sylvain!
Plusieurs d'entre nous avons dû vivre avec une tristesse,blessure quelquonque étant ado. Ton histoire mets un baume qui nous montre que nous sommes passé à l'âge adulte et que nous devons laissé le sac à dos sur la route quand il est trop lourd à porter.
C'est bien de voir que tu te sens plus léger aujourd,hui!
Salut Sylvain,
Je vais te dire une chose...on était deux ! Avoir su....Mais faut croire qu'on a toujours ce foutu bout de chemin à faire seul avant tout autre chose..c'est dommage mais c'est comme ça j'imagine.
Contente de voir que tu vas bien aujourd'hui.
Salut Sylvain,
J'ai du sortir mon album des finissanta pour de mettre un visage !!! Je me suis souvenu de toi comme étant un gars bien timide !!! Chapeau pour ta démarche, et surtout d'avoir pris le temps d'écrire ce petit mot !!!
J'me souviens pas de toi du tout...mais à partir d'aujourd'hui j'ai vraiment hate de te rencontrer...t'as des couilles en crisse...ca fait du bien!!!
Allô Sylvain,
Je me souviens de toi. Je crois que nous avions quelques cours ensemble en sec v.
Comme il est parfois difficile d'accepter qui on est! Je suis vraiment touchée par ton histoire, puisque j'ai quelqu'un très près de moi qui a vécu avec ce secret pendant plusieurs années et nous aussi avons passé à deux poils de le perdre. Certains processus d'acceptation sont très difficile à accepter plus pour soi que pour autrui. CHAPEAU! Tu me semble avoir trouvé la paix avec toi même et je crois que c'est la clé du succès.
Josée
Salut Sylvain!
Bien contente de lire ton histoire! On peut voir que ça pas été drôle- et il est vrai que c'étais "il y a 20 ans" et en Abitibi en plus! Aujourd'hui on est tous des adultes- ça prends du temps mais on fini par comprendre que 1- on peut être nous même et 2- on s'en fous de ce que les autres penses!
Souvenir de toi... Maudit que tu me donnais de la compétition en fait de "bollé"! :0)
Bien hâte de te revoir le 19!
Bise
Nath Pélo
Hey! Salut!
Mon doux que je te comprends!!! Pour avoir été 5 ans avec mon chum de Sainte-Germaine, cibole que ça ne doit pas avoir été évident! Disons que ce village ne témoignait pas nécessairement d'une grande ouverture et que les qu'en dira-t-on décidaient souvent de beaucoup de choses!
Je suis pas mal fière de toi: tu as décidé de t'affirmer et d'être bien. Ça, c'est important et je pense que ça fait partie des douloureux apprentissages de l'adolescence. L'adolescence peut être épouvantable quand on est "straigt" alors je ne peux qu'imaginer ce que ça doit être quand on est différent!
Tu fais quoi, maintenant, à part le terrassement de ta maison?
On s'entendait bien tous les deux et je veux que tu saches que je t'appréciais beaucoup. Je suis pas mal contente que tu soies encore du monde des vivants: le monde aurait manqué d'une bien bonne personne!
Des gros becs et à bientôt, j'espère, même si tu es solitaire!
Salut Sylvain!
Content de te lire et de voir ce courage perdurer en honêteté... Je vais toujours me rappeller le jour où je t'ai croisé devant chez mes parents et que tu me dit; «Michel, faut que je te dise quelque chose! JE SUIS GAI!!!»
Et tu me regardais en pleinne face avec un air d'acceptation, et ce peut importe ma réaction mais plutôt avec une certaine curiosité... Et quand j'ai lu ton livre, mes oeillères sont tombées à terre!!! Ah! Ah! Ah! À grand coups de hache dans les tabous de la Ste-Germaine!!! Ouch!!!
Moi, je t'admire dans ton authenticité provocante parce que la vie, c'est comme ça, c'est différent; il n'y a rien de pareille et ça s'assume. Chaque parcelle de vie présente quelque chose de particulier.
Je ne me rappelle pas de les avoir vue dans une douche où en train de dancer quelque part mais c'est vrai comme dit «Burrows»; «des couilles t'en a en chriss!!!»
Chapeau mon vieux et merci de respecter les hommes à femmes!!! Tu sais dans un sens je t'envie??? Oui, oui, car presque toute les femmes du blog t'écrivent un p'tit mot!!! Chanceux!
Merci de participer à ce blog! Bravo encore pour ta fougue de vivre! À bientôt!
Ton voisin d'enfance, Michel Drouin xx
Quel cheminement ! Torrieux que ça doit être heavy à vivre un affaire de même. Comme la Pélo dit, c'était il y a 20 ans au fin fond de l'Abitibi en plus où tout le monde se connaît et se permet à peu près tout jugement.
Quoiqu'il en soit, je n'aurais été moi-même d'aucun support à l'époque, j'avais le jugement facile comme ben d'autres. J'imagine que c'est des témoignages comme le tien qui vont en aider d'autres à être tout simplement ce qu'ils sont. On est un paquet de parents à lire ton message et il est possible que l'un de nos enfants le soit. On comprend bien que c'est pas en ayant le jugement sévère qu'on les aidera. Merci de ton témoignage, bonne chance avec ta maison.
Salut toi!
Comme tu as dû en défoncer des barrières pour arriver où tu es aujourd'hui... et non les moindres: les tiennes!
J'admire sincèrement tout le chemin que tu as parcouru en 20 ans et en plus, bâtir une maison tout seul... WOW!!! Tu es mon héros!!
Les meilleurs souvenirs que j'ai de toi sont dans les cours de physique et de "noon". J'en ai rit une "shot"...
Je ne peux finir ce message sans te féliciter pour ta médaille d'OR! BRAVO!
Au 19!
Sylvie
Bonjour Sylvain,
Je me souviens que j'aimais bien te jaser dans les cours et que tes réflexions étaient toujours très profondes! C'est un réel soulagement de voir que tu vas mieux! L'adolescence est un passage obligé et difficile!!! Tu as un courage d'enfer! Quelle belle leçon de vie, tu viens de nous donner à tous! Un tel témoignage change vraiment nos vies et nous porte à réfléchir! Pour nos adolescents, c'est vraiment un témoignage essentiel afin qu'il soit bienveillant envers ceux qui les entourent!!!
Merci Sylvain, ce serait un réel plaisir de te revoir!!!
Marlène
Salut Sylvain!
Est ce que tu as écris un livre pour vrai.J'aimerait beaucoup lire ça.C'est spécial comment les gens peuvent être malheureux sans qu'on s'en apperçoivent.Oublie pas ma copie et tu me diras combien ça coûte ce best-sellers là.Je ne sais pas si tu te souviens de moi.Moi oui en plus me semble que nous avons déjà croisé le fer dans un de ces duels Ste-germaine-La Sarre.On se voit samedi!
Salut Sylvain! je me souviens de toi, tu étais dans plusieurs de mes cours. J'ai aussi joué au hockey contre toi et ça me surprnd pas que tu as gagné l'or dans ce sport.
Sylvain je suis bien content que tu as retrouver le goût de vivre et surtout le courage de dire ce que tu ressens. La vie n'est pas toujours facile mais l'essentielle c'est d'être en harmonie avec soi même. J'espère te revoir bientôt.
Cheers
Pascal Robitaille de Dupuy
Allo Sylvain!
Je me souviens très bien de toi!
Tout un cheminement que tu as fait là! J'ai toujours eu de l'admiration pour les gens qui s'affichent tel qu'ils sont! Bravo!
Au plaisir de te jaser le 19!
Nancy!
Bonjour Sylvain,
Quel beau témoignage de vie.
Je suis très heureux que tu puisse t'épanouir en goutant au douceur que la vie nous offre.
Bravo pour ton témoignage et au plaisir de se voir le 19 mai prochain
Normand
Hey Sylvain,
Je pense que je me souviens qui tu es. J'admire ta force et ton courage. C'est pas facile d'etre adolescent, encore moins quand on est different. Mais "la difference" c'est souvent ce qui pousse a faire des choses exceptionnelles. Alors laches pas mon vieux! La vie est belle.
Salut Syvain, moi je me souvient bien de toi. On etait a l'ecole a Ste Germaine ensemble, c'est dommage que tu as tout ce cheminement tout seul. C'est vrai que dans le temps c'etait encore taboo,mais je crois que tu as sousestime beaucoup d'entre nous. Je te trouvais bien gentil et mysterieu et j'aurais ete bien heureuse d'etre une de tes amies mais enfin, ce n'est pas la route qui t'etais destinee. J'ai hate de voir la personne epanouie que tu es maintenant. Bye nathalie Rondeau
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